A la découverte des « Fanicos »

30 septembre 2014

A la découverte des « Fanicos »

Des Fanicos en pleine activité dans la rivière du Banco
Des Fanicos en pleine activité dans la rivière du Banco

Ils sont le plus connus sous l’appellation de « Fanicos », qui signifie en langue locale Malinké ‘’laver le linge’’. Ces laveurs manuels de vêtements mènent bien cette activité partout en Côte d’Ivoire et particulièrement à Abidjan. Aux côtés bien sûr, des grands pressings modernes. C’est une véritable ‘’industrie’’ en plein essor qui ne dit pas son nom, bien qu’évoluant dans l’informel. Une incursion dans leur univers a nettement suffit, pour être au parfum de leur savoir-faire, ainsi que de leur ingéniosité.

Ils n’attendent pas forcement que les clients viennent à eux. Il suffit seulement qu’il fasse jour, pour que très tôt le matin, cette ‘’race de blanchisseurs’’, se lance à la recherche de vêtements, draps et consort à lessiver. C’est bien à pied qu’ils sillonnent vaillamment, et surtout les quartiers populaires de la capitale économique ivoirienne.

Après la collecte du linge, cap est mis dans les ‘’labo’’. Qui sont soient, des espaces dédiées au lavage de linge dans certains quartiers. Le linge est alors lavé à la brosse, sur généralement une natte recouverte de plastique. Ou même sur un objet quelconque, pourvu qu’il supporte la pression exercée par le laveur. En revanche, à la rivière de la forêt du Banco, site par excellence, les vêtements sont lavés contre des rochers soutenus par des pneus usagés.

Cette activité demande beaucoup d'efforts physiques
Cette activité demande beaucoup d’efforts physiques

Véritable chef-d’œuvre qui suscite la curiosité touristique. A les voir travailler, l’activité demande beaucoup d’énergie. On se rappelle qu’en 2009, le ministère du Tourisme s’était grandement opposé à leur déguerpissement, sous prétexte qu’ils font partie intégrante du patrimoine touristique abidjanais. Vers 17 heures Gmt, lorsque que le soleil est à l’horizon, ils procèdent au ramassage des vêtements séchés et passent à la livraison le même jour. C’est-à-dire qu’ils repartent à nouveau dans les quartiers, aux domiciles des clients, pour livrer contre paiement. S’il n’y a pas eu livraison le même jour, les effets sont parqués au magasin.
A l’instar de Daman Kéni, ressortissant malien, la plupart des Fanicos sont originaires des pays de la sous-région ouest-africaine. C’est-à-dire : maliens, guinéens, burkinabés, etc…

Moussa le teinturier en pleine action
Moussa le teinturier en pleine action

Loin d’être misogyne, la ‘’communauté’’ des Fanicos, auquelle s’intègre les teinturiers, compte de braves femmes. Ces lavandières par contre exercent, plus généralement au sein des quartiers. C’est souvent contre le gré des clients que la majorité des Fanicos utilisent les savons de fabrication traditionnelle appelé ‘’Kabakrou’’ et ‘’Zooda’’, en raison de leur degré d’acidité. Selon la plupart des clients rencontrés, ces Fanicos sont moins chères et lavent aussi mieux. Ils prennent également soins du linge qui leurs est confié et surtout font la livraison à domicile.
Mais ce jugement n’est pas partagé par tous. Pour Dame Kouassi Helène, ces derniers ne tardent pas à endommager les effets des clients. C’est généralement en fonction des bourses que nombre de personnes sollicitent leurs services. Car, les pressings s’adressent à une classe sociale plus aisée.

L’un des savons de fabrication traditionnelle appelé « Zooda » utilisé par les Fanicos
L’un des savons de fabrication traditionnelle appelé « Zooda » utilisé par les Fanicos

Un moindre investissement pour une rentabilité non-négligeable

L’activité des Fanicos ne nécessite pas d’investissement important. Le matériel est rudimentaire. Juste des barriques, des bassines et/ou seaux, un support (natte, plastique, rocher), du savon et de l’eau. Cela suffit pour laver en quantité les vêtements.
Seulement, il est à déplorer quelques fois l’hygiène à ces endroits, où les eaux usées sont mal maîtrisées.
Côté rentabilité, ils affirment mieux s’en sortir. Le gain de la journée varie selon les périodes de l’année, environ entre 1000 francs et 3000 Francs Cfa voire plus.

L'environnement dans lequel ce métier s'exerce est parfois déplorable
L’environnement dans lequel ce métier s’exerce est parfois déplorable

Les « Fanico » dotés d’un sixième

Ils sont pour la plupart illettrés. Et nulle part, ils ne recensent les noms et articles des clients qu’ils assemblent en vrac. Pourtant, ils arrivent à restituer sans se tromper, en tout cas très rarement, les effets des dizaines de clients, après lessivage.
Quelle ingéniosité qui suscite la curiosité et pousse à comprendre ce mystère…, ce secret.
Avec ses 17 ans d’expériences dans ce métier, Maouna Baro laisse entendre que, c’est une question d’habitude qui incite à développer certaines aptitudes et des réflexes. C’est-à-dire : la physionomie, le discernement, la nuance…. D’où le développement d’un sixième sens. A l’image de ce vétéran, tous ces ‘’pressings traditionnels’’ répondent : « C’est notre travail. Depuis le ramassage jusqu’au séchage du linge en passant bien sûr par le lessivage, nous allions vêtements-clients ». Ils vont même plus loin en établissant un parallèle : « De la même façon vous mémorisez aisément des contacts téléphoniques de certains de vos proches (conjoint, amis, collègues, parents…), c’est de cette même manière que ce traduit notre secret à pouvoir mettre un nom sur chaque vêtement, sans le consigner quelque part ».

Narcisse Angan

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