La place du vélo dans ma vie et dans mon pays

12 février 2015

La place du vélo dans ma vie et dans mon pays

Le vélo est un mode de transport très utilisé en zone rural
Le vélo est un mode de transport très utilisé en zone rurale

J’ai connu le vélo dès mon bas âge (5 ans). C’était un cadeau de mon père, surtout que je fus son premier enfant. Sur cette lancée, j’ai appris à utiliser un grand vélo à partir de 13 ans. J’accompagnais mes parents à la plantation familiale. Durant mon parcours scolaire et même universitaire, lorsque j’allais passer mes vacances auprès de mes parents qui vivaient en zone rurale, je roulais toujours à vélo, tout comme mes amis, les jeunes de ma génération et les personnes âgées.

On se servait du vélo non seulement pour parcourir des kilomètres et atteindre les champs. Mais aussi et surtout, pour aller chercher dans des bidons cette denrée si rare en zone rurale qu’est l’eau potable. 
On se sert également de ce deux roues pour transporter les sacs de cacao, de café, d’anacarde, des champs vers les pistes villageoises, ou même encore pour accompagner les enfants à l’école.
On peut dire sans se tromper que le vélo apparaît comme le moyen le plus sûr et le plus utilisé du monde rural. En tout cas, pour ce qui est de la Côte d’Ivoire.

Pourquoi la ruée vers ce mode de transport ?

En ce qui concerne mon expérience personnelle, l’histoire du vélo dans le monde rural remonte à bien longtemps. Les raisons sont d’ordre économique, social et culturel.
« Le vélo est accessible en termes financiers par rapport aux deux-roues motorisés. Avec le vélo, on n’a nullement besoin d’acheter du carburant pour se déplacer. Il suffit seulement de jouir de ses capacités physiques et d’être en bonne santé, pour se déplacer sur de longues distances, sur des chemins parfois inaccessibles aux véhicules », raconte Koffi Élisé, jeune paysan.
L’autre dimension dont revêt le vélo est sociale. En effet, emprunter un vélo auprès d’un voisin, d’un ami ou de toute autre personne, parce qu’on est panne ou qu’on n’en dispose pas, oblige les habitants des villages et des hameaux les plus reculés de la forêt à se parler couramment, à vivre en harmonie et en bonne intelligence. Cela renfonce ainsi la cohésion sociale, l’union et la fraternité au sein des différentes communautés.

Le vélo est un facteur de cohésion sociale
Le vélo est un facteur de cohésion sociale

Le vélo fait également l’objet de convoitises en milieu rural, comme raconte Kouamé David, jeune planteur de café-cacao à Vavoua, ville du centre-ouest de la Côte d’Ivoire. «A l’aller comme au retour, sur le chemin de mon champ, lorsque les groupes de femmes à pied, avec leurs bagages sur la tête, me cèdent le passage, je fais souvent l’objet de regards attentionnés de la part de jeunes filles. Cela en dit long. Celles-ci n’hésitent pas parfois à me demander service. Elles me demandent de transporter leurs bagages, selon mes possibilités, ou de les porter sur mon vélo, afin de réduire leur temps d’arrivée, voire leur corvée de marche.

Le soir venu, elles me servent quelques fois à manger, en guise de reconnaissance pour le service rendu. Et comme ça, le contact est parfois noué. C’est dans ce contexte que je suis devenu polygame. J’ai deux femmes ».

Comme David, ils sont nombreux à rendre des témoignages semblables.

Pour le volet culturel, le vélo a été le premier moyen de transport de nos parents en zone rurale. Appelé couramment « Kpango » ou « Babanikogo » en langage ivoirien, son usage est entré dans les mœurs de tous les descendants. Savoir monter à vélo est une étape importante de la vie en milieu rural, en ce sens qu’elle constitue un « baptême ». Les jeunes du monde rural de même génération rivalisent le plus souvent dans leur usage du vélo.

Ces gamins de 12 à 13 ans, heureux de savoir monter au vélo
Ces gamins de 12 à 13 ans, heureux de savoir monter au vélo

Un avenir prometteur du vélo en zone urbaine
L’avenir du vélo s’annonce prometteur dans les villes ivoiriennes en général et en particulier à Abidjan, où la municipalité entend ouvrir très bientôt des pistes cyclables au Plateau, le quartier d’affaires de la ville. Selon une source proche du dossier, l’autorité municipale de cette petite commune d’Abidjan veut développer le cyclisme urbain à travers ce projet novateur, pour diminuer les nombreux embouteillages, favoriser le sport de course, ainsi que le cyclisme touristique.
Dans d’autres quartiers de la capitale économique ivoirienne, on se sert du vélo  -en l’occurrence de type VTT (Vélo Tout Terrain)- pour faire du sport, surtout les fins de semaine. Aussi, nombre de jeunes débrouillards utilisent le vélo pour exercer leurs activités économiques, telle que la livraison quotidienne de baguettes de pain.

Comme cet enfant, ils sont nombreux à monter à vélo les week-end à Abidjan
Comme cet enfant, ils sont nombreux à monter à vélo les week-end à Abidjan

Moussa Ismaël, rencontré à Yopougon, un quartier populaire d’Abidjan, avec des sacs remplis de baguettes de pain s’explique : « Depuis quatre ans, je suis livreur de pain auprès des revendeurs au détail. J’ai acheté ce VTT pour plus d’efficacité et aussi dans le souci d’économiser dans mes déplacements entre la boulangerie et les commerces des clients ».
Oumar est employé de maison dans le quartier chic de Cocody. Son patron lui a acheté un vélo pour ses petites courses, notamment à la boutique, à la pharmacie ou chez le revendeur de gaz domestique.
Contrairement à Abidjan et les autres villes au sud de la Côte d’Ivoire, le vélo est un mode de transport très développé dans la partie nord, plus précisément dans toute la zone occupée à l’époque par l’ex-rébellion armée. Dans ces villes, l’on parle même de « vélo-taxi », pour le transport de bagages, voire de personnes.
L’usage du vélo, tant en zone rurale qu’urbaine, est effectif en Côte d’Ivoire. Il suffirait de faire sa promotion pour que les uns et les autres s’approprient l’usage d’un de transport très malin.

Narcisse Angan

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