Narcisse Angan

Littoral Abidjan – Grand-Bassam : Sur les traces du déguerpissement

Ce bulldozer détruit tout sur son passage
Ce bulldozer détruit tout sur son passage

Vrombissement de bulldozers, habitations entièrement détruites ou en destruction, cocotiers abattus, populations fouillant les gravats pour la récupération d’objets divers, forces de sécurité postées à plusieurs endroits. Tel est l’ambiance qui règne depuis quelques jours, aux abords du littoral Abidjan – Grand-Bassam. En effet, les autorités ivoiriennes, à travers le ministère de la Construction, du logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme ont entamé depuis la semaine dernière, une vaste opération de déguerpissement des habitants situés en bordure du littoral, précisément entre la mer et la voie express Abidjan – Grand-Bassam. Du carrefour de la cité universitaire de la commune d’Abidjan – Port-Bouët, jusqu’au corridor de sorti, rien n’est du tout épargné. L’espace est donc devenu un vaste champ de gravats laissant apercevoir grandement la mer agitée avec ses bruits de vagues.
Ce sont des habitants rencontrés sur le site du déguerpissement qui sont dans le désarroi total, faute de nouveaux logements. Certains ont affirmé avoir été avertis par les autorités, avec des dédommagements comme mesures d’accompagnement. Quant d’autres comme, Goli Fabien ont soutenu le contraire.
« Nous n’avons pas été officiellement averti. Des rumeurs de déguerpissement avaient circulées dans le temps. Mais, elles ont été très vite démenties par les autorités traditionnelles du village d’Anani, propriétaires de ce site. Et à notre grande surprise, ont voit débarquer bulldozers et forces de sécurité, nous sommant de retirer nos affaires dans les plus brefs minutes », a-t-il déclaré.
Des familles qui ne savent plus à quel saint se vouer ont lancé des cris de détresse. Car leurs enfants doivent aller à l’école.

Des habitants aidés de badaud procèdent à des fouilles de gravats
Des habitants aidés de badaud procèdent à des fouilles de gravats à longueur de journée

 Du côté des autorités, ils affirment avoir dédommagés les habitants. Mais ceux-ci hésitaient à partir ou même relouaient leurs maisons à de nouvelles personnes en quête de logement.
Donnant les raisons de cette vaste opération d’assainissement, ils expliquent que celle-ci vise à prévenir les dangers de l’érosion côtière qui cause chaque année de nombreux dégâts matériels, ainsi que des pertes en vie humaines.
Soulignons que cette opération est menée en concomitance avec celle des habitations situées sur l’emprise du chantier de l’autoroute en construction devant relier Abidjan à la ville de Grand-Bassam.
Cette deuxième partie de ladite opération menée cette fois-ci par le ministère des Infrastructures économiques vise entre autres, à libérer les alentours de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, en vue de lui donner fière allure et répondre aux normes ultramodernes.
Il sera réalisé sur ces sites dégagés le projet « aérocité » comprenant des hôtels, des appartements et des grandes surfaces.

Narcisse Angan


Nouvelle campagne cacao 2014 – 2015 : 850 F Cfa/ Kg prix bord champ

Les autorité insistent sur la qualité du cacao auprès des producteurs
Les autorités insistent sur la qualité du cacao auprès des producteurs

 

Le prix bord champ garanti aux producteurs ivoiriens au titre de la campagne 2014 – 2015 du cacao qui s’ouvre ce 1er octobre a été fixé à 850 F Cfa/ kilogramme. Soit une augmentation de 100 et de 150 F Cfa par rapport aux deux précédentes campagnes respectifs de 2013 – 2014 et 2012 – 2013. C’est ce qui ressort du conseil des ministres de ce mercredi 1er octobre 2014, tenu au Palais présidentiel d’Abidjan-Plateau, sous la présidence du Président Alassane Ouattara .

Selon le porte-parole du gouvernement ivoirien, Bruno Nabagné Koné, par ailleurs ministre de la Poste et des TIC, cette hausse de 100 F Cfa du prix du kilogramme de cette matière première garanti aux producteurs, s’explique par une meilleure gestion de ladite filière qui est en pleine réforme.

Ce qui a permis a-t-il précisé « de payer aux producteurs de cacao un revenu brut de 1305 milliards de F Cfa jamais atteint en Côte d’Ivoire » au titre de la campagne écoulée 2013 – 2014.

Il a également ajouté que depuis le début des reformes de ladite filière jusqu’à maintenant, les revenus des paysans ont augmenté de 30%.

S’exprimant au sujet du bilan de la campagne écoulée 2013 – 2014, Bruno Nabagné Koné a indiqué une production qui s’est élevée à 1 740 842 tonnes contre 1 440 514 tonnes pour la campagne précédente 2012 – 2013. Il a relevé une progression de 20% entre ces deux campagnes.

Signalons que la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao avec près de 40% de part de marché s’est engagée à éradiquer le travail des enfants dans les plantations, à travers plusieurs actions.

Narcisse Angan


A la découverte des « Fanicos »

Des Fanicos en pleine activité dans la rivière du Banco
Des Fanicos en pleine activité dans la rivière du Banco

Ils sont le plus connus sous l’appellation de « Fanicos », qui signifie en langue locale Malinké ‘’laver le linge’’. Ces laveurs manuels de vêtements mènent bien cette activité partout en Côte d’Ivoire et particulièrement à Abidjan. Aux côtés bien sûr, des grands pressings modernes. C’est une véritable ‘’industrie’’ en plein essor qui ne dit pas son nom, bien qu’évoluant dans l’informel. Une incursion dans leur univers a nettement suffit, pour être au parfum de leur savoir-faire, ainsi que de leur ingéniosité.

Ils n’attendent pas forcement que les clients viennent à eux. Il suffit seulement qu’il fasse jour, pour que très tôt le matin, cette ‘’race de blanchisseurs’’, se lance à la recherche de vêtements, draps et consort à lessiver. C’est bien à pied qu’ils sillonnent vaillamment, et surtout les quartiers populaires de la capitale économique ivoirienne.

Après la collecte du linge, cap est mis dans les ‘’labo’’. Qui sont soient, des espaces dédiées au lavage de linge dans certains quartiers. Le linge est alors lavé à la brosse, sur généralement une natte recouverte de plastique. Ou même sur un objet quelconque, pourvu qu’il supporte la pression exercée par le laveur. En revanche, à la rivière de la forêt du Banco, site par excellence, les vêtements sont lavés contre des rochers soutenus par des pneus usagés.

Cette activité demande beaucoup d'efforts physiques
Cette activité demande beaucoup d’efforts physiques

Véritable chef-d’œuvre qui suscite la curiosité touristique. A les voir travailler, l’activité demande beaucoup d’énergie. On se rappelle qu’en 2009, le ministère du Tourisme s’était grandement opposé à leur déguerpissement, sous prétexte qu’ils font partie intégrante du patrimoine touristique abidjanais. Vers 17 heures Gmt, lorsque que le soleil est à l’horizon, ils procèdent au ramassage des vêtements séchés et passent à la livraison le même jour. C’est-à-dire qu’ils repartent à nouveau dans les quartiers, aux domiciles des clients, pour livrer contre paiement. S’il n’y a pas eu livraison le même jour, les effets sont parqués au magasin.
A l’instar de Daman Kéni, ressortissant malien, la plupart des Fanicos sont originaires des pays de la sous-région ouest-africaine. C’est-à-dire : maliens, guinéens, burkinabés, etc…

Moussa le teinturier en pleine action
Moussa le teinturier en pleine action

Loin d’être misogyne, la ‘’communauté’’ des Fanicos, auquelle s’intègre les teinturiers, compte de braves femmes. Ces lavandières par contre exercent, plus généralement au sein des quartiers. C’est souvent contre le gré des clients que la majorité des Fanicos utilisent les savons de fabrication traditionnelle appelé ‘’Kabakrou’’ et ‘’Zooda’’, en raison de leur degré d’acidité. Selon la plupart des clients rencontrés, ces Fanicos sont moins chères et lavent aussi mieux. Ils prennent également soins du linge qui leurs est confié et surtout font la livraison à domicile.
Mais ce jugement n’est pas partagé par tous. Pour Dame Kouassi Helène, ces derniers ne tardent pas à endommager les effets des clients. C’est généralement en fonction des bourses que nombre de personnes sollicitent leurs services. Car, les pressings s’adressent à une classe sociale plus aisée.

L’un des savons de fabrication traditionnelle appelé « Zooda » utilisé par les Fanicos
L’un des savons de fabrication traditionnelle appelé « Zooda » utilisé par les Fanicos

Un moindre investissement pour une rentabilité non-négligeable

L’activité des Fanicos ne nécessite pas d’investissement important. Le matériel est rudimentaire. Juste des barriques, des bassines et/ou seaux, un support (natte, plastique, rocher), du savon et de l’eau. Cela suffit pour laver en quantité les vêtements.
Seulement, il est à déplorer quelques fois l’hygiène à ces endroits, où les eaux usées sont mal maîtrisées.
Côté rentabilité, ils affirment mieux s’en sortir. Le gain de la journée varie selon les périodes de l’année, environ entre 1000 francs et 3000 Francs Cfa voire plus.

L'environnement dans lequel ce métier s'exerce est parfois déplorable
L’environnement dans lequel ce métier s’exerce est parfois déplorable

Les « Fanico » dotés d’un sixième

Ils sont pour la plupart illettrés. Et nulle part, ils ne recensent les noms et articles des clients qu’ils assemblent en vrac. Pourtant, ils arrivent à restituer sans se tromper, en tout cas très rarement, les effets des dizaines de clients, après lessivage.
Quelle ingéniosité qui suscite la curiosité et pousse à comprendre ce mystère…, ce secret.
Avec ses 17 ans d’expériences dans ce métier, Maouna Baro laisse entendre que, c’est une question d’habitude qui incite à développer certaines aptitudes et des réflexes. C’est-à-dire : la physionomie, le discernement, la nuance…. D’où le développement d’un sixième sens. A l’image de ce vétéran, tous ces ‘’pressings traditionnels’’ répondent : « C’est notre travail. Depuis le ramassage jusqu’au séchage du linge en passant bien sûr par le lessivage, nous allions vêtements-clients ». Ils vont même plus loin en établissant un parallèle : « De la même façon vous mémorisez aisément des contacts téléphoniques de certains de vos proches (conjoint, amis, collègues, parents…), c’est de cette même manière que ce traduit notre secret à pouvoir mettre un nom sur chaque vêtement, sans le consigner quelque part ».

Narcisse Angan